VIE SICILIENNE

La Sicile aujourd’hui

Un triangle de montagnes et de collines planté dans les eaux bleues de la Méditerranée, une île gorgée de soleil où, vignes, oliviers et agrumes, abondent, la Sicile est une terre de nature, de culture, de mythe et de réalité, habitée par un peuple fier de son patrimoine.

Tout au long de son histoire, la Sicile fit cependant les frais d’une tutelle étrangère, de sorte que la pauvreté, l’aliénation et la méfiance à l’égard de l’autorité qu’elles ont engendrées, peuvent expliquer la complexité du tempérament sicilien. L’extraordinaire histoire de la Sicile et le profond métissage qui en a résulté, sont à l’origine des nombreuses contradictions propres au caractère des habitants.

Le Sicilien offre un bouillant mélange de fatalisme et de courage, teinté de générosité, de sensualité et de vivacité, et doté de grande culture et d’amour du travail. On dit également des Siciliens qu’ils sont conservateurs, soupçonneux, enclins au stoïcisme et au mysticisme, mais à la fois confiants, sociables, sensibles, avec un grand sens de l’humour.

Pour affronter leur inconfortable position de soumission étrangère, ils ont cultivé un sentiment profond de fierté, ainsi qu’un grand sens de l’honneur. Cette loyauté se manifeste avant tout à l’égard de la famille, comme dans la majeure partie de l’Italie.

La société sicilienne

Pour la majorité des Siciliens, l’identité régionale prime sur l’identité nationale, renforçant une idée répandue dans le reste du pays sur la spécificité de la culture et du caractère siciliens. Bien que partageant de nombreux traits avec les autres habitants de l’Italie du sud, les Siciliens possèdent un dialecte et une société assez différents.

La famille constitue la base de la vie sicilienne, et la loyauté envers la famille et les amis est une qualité primordiale. Une vie privée heureuse permet de supporter les affres de la vie publique. Ce décalage entre la sphère privée et l’arène publique est une caractéristique de la vie sicilienne, et s’est développée au fil des années de domination étrangère.

Dans cette société profondément patriarcale, l’affirmation de la virilité reste primordiale. Le chef de famille doit prendre soin de ses proches, entretenir son influence personnelle, et faciliter l’ascension sociale des membres de sa famille. Les femmes sont traditionnellement les garantes de l’honneur de la famille. En tant qu’épouse et mère, la femme est profondément respectée dans son foyer, et sert de point de repère moral et affectif pour sa famille.

La religion tient également une place prépondérante. Les Siciliens sont en majorité des catholiques pratiquants. Dans les petits villages, le mélange de foi et de superstition conditionne le comportement des Siciliens depuis des siècles. Les pèlerinages constituent une part importante des rites religieux, et des milliers de Siciliens se rendent dans des sanctuaires pour demander une intervention divine ou remercier la Vierge pour un miracle qu’elle aurait accompli.

Chaque année les saints patrons sont également fêtés avec enthousiasme dans toute l’île. Ces célébrations se transforment en immenses fêtes de rue dans les villes et les grandes agglomérations. Finalement, les célébrations pascales constituent le point d’orgue du calendrier religieux sicilien.

La semaine sainte est traditionnellement une période durant laquelle les Siciliens cessent de travailler pour se retrouver en famille et observer les prescriptions religieuses. En de nombreux endroits, on fête la semaine sainte avec des processions élaborées.

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Donner une belle image de soi (La Bella Figura) est par ailleurs très important pour la population sicilienne, et le paraitre plus florissant qu’on ne l’est, est un passe-temps régional. Votre allure et celle de votre famille demeurent une question d’honneur, de respectabilité et de fierté. Au niveau social, garder les apparences signifie bien s’habiller, se comporter avec modestie, remplir ses devoirs religieux et sociaux et ses obligations familiales.

Prendre en main son destin

Orgueilleux à l’excès, les Siciliens témoignent à leur île un amour sans bornes. Mais c’est une adoration souvent teintée d’amertume dans une région ralentie par la corruption, la mafia et une bureaucratie aussi tentaculaire qu’inefficace. La Sicile reste une région bouillonnante malgré d’importants problèmes structurels, mais dispose d’une force inébranlable : la passion de ses habitants.

Tranquillement, une envie de modernité prend forme parmi les nouvelles générations, les associations et les femmes de caractère. À l’image d’une société en mouvement, lentement, mais sûrement, loin des pesanteurs administratives.

Les attitudes modernes gagnent du terrain sur les traditions. Les Siciliennes sont de plus en plus nombreuses à vivre avec un compagnon sans se marier et à profiter du mode de vie tolérant d’autres pays occidentaux. Un meilleur accès à l’éducation et un changement de mentalité permettent à un nombre croissant de femmes de faire carrière. Dans les grandes villes universitaires, telles que Palerme, Catane, Syracuse ou Messine, émerge une jeunesse cultivée et dynamique.

Depuis le tristement célèbre assassinat des juges Falcone et Borsalino en 1992, le rejet de la mainmise de la mafia gagne progressivement en puissance. Les Siciliens refusent désormais de se plier aux règles imposées par la Cosa Nostra. Addiopizzo (adieu au « pizzo », le paiement exigé en échange d’une protection des mafieux) est un organisme qui s’oppose à cette forme de racket, incitant les consommateurs à soutenir les commerces qui refusent de s’y soumettre. Sa devise, un peuple qui paie le pizzo, est un peuple sans dignité, semble avoir fait mouche dans l’île. Plusieurs entreprises touristiques, entres autres, soutiennent activement sa campagne en proposant des circuits qui privilégient les hôtels, les restaurants et les boutiques, qui refusent de payer le pizzo.

Le patron de la télévision indépendante Telejato, prompte à dénoncer les malversations locales, reçoit le soutien indéfectible de la population. Des journalistes de divers médias partent sur les traces de leurs ainés, victimes du crime organisé. Des citoyens en colère se mobilisent contre l’implantation de relais satellite pour la mafia.

Pour finir, la création d’un musée antimafia rassemblant les archives et publications retraçant l’histoire des mafias, constitue un acte peu banal pour contrer la culture mafieuse, agressive, machiste et intellectuellement pauvre.

Lutte contre Cosa Nostra, mobilisations pour la préservation d’un environnement exceptionnel, valorisation d’un patrimoine et d’un art de vivre, sont autant de défis que relèvent avec passion les insulaires. Ils savent que leur survie en dépend. Et avec elle, l’avenir de la Sicile.

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