Introduction à un vaste univers de croyances

Vous circulez sur une route secondaire de l’arrière-pays sicilien. Un vieux village pointe à l’horizon, perché sur une colline … tellement typique en Sicile.

Il n’en faut pas plus pour que vous décidiez de vous y rendre. Arrivé au centre du village, la vieille église baroque vous séduit par son cachet. Une vieille dame traverse la place centrale, un panier rempli de nourriture, se dirigeant vers l’église. Le curé ouvre la grande porte. Bien qu’il y règne un calme paisible, quelque chose se trame ici. Il ne faut pas plus d’une quinzaine de minutes pour que des villageois envahissent l’église.

Mais il y a plus. Dans la cour arrière, d’autres personnes s’affairent à cuisiner (on ne sait quoi encore) dans de grands chaudrons. Le curé viendra bénir tous les plats en cuisson. Les tables sont mises et bientôt prêtes à accueillir les diverses préparations de pâtes et de soupes. Des jeunes garçons, tambours au cou, entament le roulement de leurs bâtons. Des flutistes s’ajoutent à la scène qui se construit tout autour de vous. La porte d’une maison, donnant sur la cour, s’ouvre pour dévoiler d’autres tables, cette fois décorées de fleurs et abondamment garnies de pains, pâtisseries et desserts. Il y a de quoi nourrir tout le village !

Jeunes enfants, parents et ainés sont à la fois organisateurs et consommateurs de cette fête.

Durant la journée, ils apportent en ce lieu de pique-nique faste divers montages de fleurs, icônes et statues religieuses faisant office d’autels pour (vous le devinez !) une éventuelle parade.  C’est à la tombée du jour qu’apparait la plus imposante structure du défilé à venir. Une gigantesque statue de San Giuseppe (Saint-Joseph) fixée sur une planche, ornée de chandeliers aux quatre coins et reposant sur un socle de fleurs d’orangers et d’amandiers, de citrons et de cruches de vin. L’autel érigé, pour le saint patron Giuseppe, apparaît dans la cour. Il faut une douzaine d’hommes pour le transporter. Il viendra clore le défilé qui s’amorce au coucher du soleil, et auquel participeront tous les habitants, déambulant lentement dans les rues du village le long d’un parcours sinueux. Un feu d’artifice est même prévu aux alentours de minuit. C’est tout dire !

La fête de San Giuseppe, saint patron de la nourriture, est une occasion de le remercier pour avoir empêché la famine au Moyen-Âge.

Selon la légende, il y aurait eu une grave sécheresse et les siciliens prièrent pour que la pluie revienne. Ils promirent que s’il répondait à leurs prières, ils prépareraient une grande fête pour l’honorer. La pluie arriva et les habitants de la Sicile préparèrent un grand banquet pour fêter et remercier leur saint patron.

Un mélange de foi et de superstitions

Le respect des traditions est bien vivant en Sicile. Les manifestations qui se déroulent dans chaque village, permettent de découvrir tous les aspects du folklore de l’île, les multiples facettes de son histoire, sa gastronomie, mais aussi la passion que lui voue son peuple.

Les fêtes religieuses sont omniprésentes. Tous les villages de l’île célèbrent avec enthousiasme leur saint patron. Les saisons sont également propices aux célébrations, notamment l’arrivée des fleurs au printemps et les récoltes de l’automne. Des moments marquants de l’histoire sont eux aussi soulignés par des banquets, défilés, musiques, chants et bien entendu … feux d’artifices.

Sans grande surprise, la semaine sainte ainsi que la période de Noël sont des moments religieux richement soulignés et célébrés, s’échelonnant sur plusieurs jours (fériés, il va sans dire), durant lesquels les Siciliens se retrouvent en famille pour observer les prescriptions religieuses.

Cette place prépondérante qu’occupe la religion est en fait un mélange de foi et superstition qui conditionne le comportement des Siciliens depuis des siècles. Les pèlerinages en sont une belle preuve, alors que des milliers de Siciliens se rendent dans des endroits comme le Santuario della Madonna à Tindari ou le Santuario di Gibilmana dans les Madonie, pour demander une intervention divine ou remercier la Vierge pour un miracle qu’elle aurait accompli.

Le sujet des traditions siciliennes est si vaste qu’il nous est impossible de le traiter dans un seul article. Toutefois, nous vous proposons de conclure cette introduction aux traditions siciliennes sur une note romantique !

Mariage à la sicilienne

Perchée sur son balcon, une jeune femme écoute son fiancé lui déclarer son amour, accompagné par ses amis musiciens. Tout le quartier est venu assister au spectacle qui s’amorce. Bientôt, le champagne coulera à flots, puis les feux d’artifice et pétards retentiront lors du banquet, dont le menu ne comporte pas moins de 10 plats ! Et la mariée devra coiffer le voile familial, transmis de génération en génération …

Cette métaphore bien réelle n’est qu’un prélude au mariage sicilien.

L’événement est aussi incontournable que codifié, et préparé pendant des mois sous l’œil inquisiteur de la mère de la mariée. Tout est planifié dans le moindre détail pour assurer le bon déroulement de l’union, dans le respect des traditions. Il importe de n’oublier personne, même si le nombre d’invités est astronomique. Et gare à ceux qui ose refuser l’invitation.

Tous les Siciliens vous le diront : plutôt ne pas se marier que de se marier à moitié !

|| Vous souhaitez en savoir plus sur la vie sicilienne ? Lisez notre article L’Essentiel : Guide sur la Sicile !